L’art contestataire des étudiants de l’Université des Sciences et Technologies
Feu Kianoush Assa, étudiant en maîtrise de Génie chimique à l’Université des Sciences et Technologies de Téhéran, était un militant écologiste, un mélomane joueur de tambourin.
Il a été tué lors des manifestations de 2009 sur la place Azadi (Liberté) de Téhéran pour avoir osé protester contre les résultats de l’élection présidentielle. Kianoush était Kurde comme Mahsa.
Après son assassinat, les étudiants de de l’Université des Sciences et Technologies de Téhéran ont exigé que le parc soit officiellement dénommé Shahid Kianoush Assa (Martyr Kianoush Assa) en l’honneur de leur camarade.
Depuis, tant d’autres morts, tant d’autres martyrs…
Les étudiants de l’Université des Sciences et Technologies ont jeté des dizaines de bateaux en papier dans le bassin du parc « Kianoush Assa » à la mémoire de Kian Pirfalak (l’enfant de dix ans tué à Izeh au Kurdistan) et en hommage aux victimes tombées dans les manifestations et aux étudiants emprisonnés. L’eau est teintée de peinture rouge… le sang versé des innocents
Ces derniers jours, les forces de sécurité ont attaqué plusieurs universités
La pression sur les étudiants s’est intensifiée la semaine dernière, selon nos informations. A l’Université du Kurdistan, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les étudiants, plusieurs morts sont à déplorer. Selon des témoins oculaires, la milice des Basijis et les forces spéciales anti-émeutes ont envahi la faculté de mécanique de l’Université Khajeh Nassir à Téhéran et ont blessé de nombreux étudiants. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent la fuite paniquée des étudiants vers les montagnes derrière le campus universitaire. Les blessés ont été kidnappés par leurs poursuivants.
« (…) Un monde où les battements d’ailes de l’espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur… » André Breton
Ce monde est l’Iran d’aujourd’hui. L’immense espoir que cette jeunesse promet au monde : la liberté qui finira par vaincre les bruits de la terreur. Mais à quel prix messieurs les Présidents d’Université ?
Les démissions de responsables universitaires sont si rares.
Seuls deux présidents d’Université ont quitté leur poste en signe de protestation « contre les traitements violents et la répression des étudiants protestataires » (sic)
- Monsieur Hojjat Parsa, recteur de la Faculté d’économie de l’université du golfe Persique à Boushehr (sud du pays)
Un extrait de sa lettre de démission rendue publique : « Pour se défendre et empêcher l’attaque contre l’université, des étudiants ont été arrêtés et expulsés, du sang a été versé injustement : le sang de la liberté… »
- Monsieur Rahmat Sadeghi, président de l’Université du Kurdistan
Selon les informations publiées sur les pages Instagram des étudiants de l’Université du Kurdistan, le professeur Rahmat Sadeghi aurait été contraint à la démission. Aux côtés de ses étudiants il a tenté d’empêcher les forces de sécurité de pénétrer dans l’enceinte de l’université.
Suite à la nomination du nouveau président (Hamid Ghadirzadeh) des heurts violents ont eu lieu dans l’enceinte de l’Université envahie par les forces de sécurité armées de fusils. Nous ne disposons pas du chiffre exact des victimes, suite à la fusillade dans le campus universitaire.
De plus en plus de professeurs solidaires
Les professeurs soutiennent de plus en plus les grèves et les rassemblements des étudiants protestataires dans plusieurs universités du pays. Ils condamnent la profanation de l’université, la répression et les arrestations arbitraires. Ces enseignants courageux prennent de gros risques à la fois pour leur carrière et pour la sécurité de leur famille.
Les lettres de contestation des professeurs prenant la défense des étudiants qui ont été diffusées émanent notamment de :
l’Université du Kurdistan, l’Université Razi de Kermanshah, l’Université Amir Kabir de Téhéran, l’Université des Sciences de la réadaptation et de la santé sociale, la Faculté de médecine dentaire de l’Université Azad de Téhéran, la Faculté d’Ingénierie électrique de l’Université Khajeh Nassir de Téhéran
Dans une lettre adressée conjointement au ministère de la Justice et au directeur général des services de renseignements de la province de Kermanshah, 113 professeurs de l’Université Razi de Kermanshah ont protesté contre l’attaque des forces armées et l’arrestation des étudiants.
Dans le Nord du pays (province de Mazandaran) 73 professeurs de l’Université Nowshirvani de Babol, cible d’attaques permanentes des forces de sécurité, ont rappelé au président de l’Université, Azizullah Gandji, qu’il est de son devoir d’interdire l’émission d’ordonnances disciplinaires, de lever l’interdiction de l’entrée des lieux aux étudiants « listés », de faire cesser toute menace émanant des « officines inconnues de tous » contre les étudiants et d’assurer leur sécurité dans les dortoirs et l’espace universitaire.
Les étudiants n’oublieront jamais ceux qui sont à leurs côtés dans ces heures sombres.
Dans un de leurs communiqués on peut lire : « Le soutien d’un certain nombre de professeurs d’université envers nous, les étudiants, est encourageant. Néanmoins nous nous attendions à ce que les professeurs d’université à travers le pays soutiennent leurs étudiants avec plus d’empathie, de solidarité et d’unité. Nous sommes toutefois reconnaissants envers ceux qui nous soutiennent ouvertement pour empêcher l’émission d’ordonnances disciplinaires à notre encontre ».
La lettre de remerciement des étudiants de l’Université Noshirvani de Babol à l’adresse d’un de leur professeur solidaire a été largement diffusée. À bon entendeur Doroud !
L’Association Mohsen Hachtroudi remercie les professeurs solidaires malgré les risques, tout en exprimant son ferme soutien, son empathie et sa solidarité avec les étudiants et les autres manifestants. Nous exigeons le soutien total de la communauté universitaire, en particulier des responsables et des professeurs, aux étudiants menacés par la répression.
Une tempête sur Twitter avec le hashtag #دانشگاه_در_زنجیر (#Universités_enchaînées) diffusée dans le monde avec les noms et les photos des étudiants arrêtés, disparus et tués.
Vidéo de la semaine
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Portraits d’étudiants emprisonnés
#étudiantsaveclepeuple.
Voir aussi :
Tuée pour des mèches de cheveux
Étudiants solidaires
Mahsa Amini : Solidarité et étudiants en prison
Mahsa Amini : étudiants fichés et traqués
Mahsa Amini : Mort et acharnement
Mahsa Amini : Contre l’oubli
Mahsa Amini : Le Mai 68 iranien